Croc-Blanc, chapitre IX – chez Scott, 4/ — FIN

Un  jour,  on lut  dans  le  journal  que   le  célèbre  bandit  Jim  Hall  s’était  évadé  de  prison.

C’était  le père  de  Scott,  qui  était  juge,  qui  l’avait  envoyé  en  prison.

Jim  Hall avait  juré  de se venger.

Croc Blanc  ne  savait  pas  tout  cela  mais  la  femme  de  Scott,  Alice,  lui  demanda  service  en  secret.

La  nuit,  quand  tout le monde  était  couché,  elle  faisait  entrer  le loup  dans  la  maison  pour  protéger  le  juge.   Le  matin,  elle  se levait  la première  et le  faisait  sortir.

Une  nuit,  Croc Blanc  sentit  une  présence  étrangère  dans la  maison.  Il  vit  une ombre  se  déplacer  silencieusement,  il  la  suivit  sans  bruit.

Il  savait  chasser  sans  se montrer,  comme dans  la forêt.

L’étranger  s’arrêta  en bas  de  l’escalier.  En  haut,  il y avait  la chambre  du  juge.

Il  commença  à  monter.

 

Alors  Croc Blanc  bondit  sur  le dos  de  l’homme  qui  tomba.  Il  tira  sur  Croc Blanc  puis  poussa  un  hurlement.  Puis  le  silence  revint.

Tout  le monde  était  réveillé.  Scott  alluma  la  lumière  et  descendit  avec  son  père.

Il  n’y  avait  plus  de danger,  Jim  Hall était  mort.

Mais  Croc Blanc  aussi  était  étendu, immobile.  Il  avait  pris  trois  balles  du  revolver  du bandit.  Il respirait  encore.

Scott appela  un  médecin.

« Ce  chien  a une  patte  cassé,  le  poumon  troué,  trois  côtes  brisées.  Il  a  perdu  beaucoup  de  sang.  On  va  essayer  de le  soigner  mais  il  risque  de  mourir.

-Faites  tout  pour  le  sauver.  Je  paierai  tout  ce  qu’il  faudra,  dit  le  juge  Scott.

Croc Blanc  fut  très  bien  soigné.   Il  dormit  de  longues  heures  pendant  des  jours  et  des  nuits.  Il  rêvait  de  sa  mère  Kiche,  de  l’Indien  Castor Gris,  du  chien  Lip-Lip,  du  méchant  Beauty Smith.  Il  rêvait  qu’il  tirait  des  traineaux   ou  qu’il  se  battait  avec  d’énormes  chiens.

Enfin,   il guérit.   Quand  on  enleva  le  dernier  pansement  et  que  le  loup  put  marcher,  toute  la  famille  applaudit.

Scott  emmena  son  loup  voir  la  chienne  Collie.  Celle-ci  était  entourée  de  six  petits  chiots.   L’un  d’eux  ressemblait  beaucoup  à  Croc Blanc !

Le  chien  loup  s’allongea  dans  l’herbe   près  de  Collie  et  les  chiots  s’approchèrent  de  lui.  Epuisé  il s’endormit  au  soleil,  très  heureux.

 

 

————–  F I N —————

 

Croc-Blanc, chapitre IX – chez Scott, 3/

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Parfois, il faisait de grandes promenades avec son maître qui montait à cheval.

Un jour,  Scott  essayait  d’apprendre à son cheval  à ouvrir  seul  une barrière.

Le cheval,  effrayé,  reculait,  s’énervait  et ruait.  Croc Blanc  bondit  en  grognant,  mais  le  cheval  eut  encore   plus  peur  et  renversa  son  cavalier.

 

Scott eut  la jambe  brisée.  Il  ne  pouvait plus  bouger  et décida  d’envoyer  Croc Blanc chercher du secours.

« A  la maison ! Dit-il.  Va à la maison ! »

Le loup  hésitait,  il ne voulait  pas quitter  son maître.  Scott  lui  parla  doucement :

« Tu  m’écoutes,  Croc Blanc  !   Va, va  tout  droit  à la maison  !  Oui   !                                         Va  les  chercher.   Va, mon  loup, va  !  Droit à la maison !

Croc Blanc, sans  saisir   toutes ces paroles,  comprit  ce  que  voulait  son maître et s’en  alla.

La  famille  était  réunie  devant  la  maison.   En voyant  Croc Blanc,  la mère  de Scott cria :         « Ah ils reviennent ! »

Mais le loup était  seul,  il   gronda bizarrement.   « Va t’en ! Va coucher ! »  criait  la  mère.

Croc Blanc  se retourna  vers  Alice,  la femme  de son maître  et  tira  sur  sa robe  avec ses dents.

« J’espère qu’il n’est pas devenu fou ! dit la mère »

Croc Blanc ne grondait plus, il se tenait immobile et tremblait.

« On  croirait  qu’il  essaie  de parler  !  dit  Alice ».

Le loup   aboya   pour la première et la dernière fois de sa vie.

« Il est arrivé quelque  chose à  Weedon ! » s’écria Alice.

Enfin, tout le monde suivit Croc Blanc et on put soigner Scott.

Après cet événement, plus personne n’eut peut du loup.

Tout le monde, même l’employé  de  la  ferme, l’aimait.

 

 

 

 

 

Croc-Blanc, chapitre IX – Le voyage, 2/

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Croc Blanc  se sentit  rapidement  comme  chez lui  dans  cette  grande  maison.

C’était  le  domaine  du  juge  Scott,  le  père  de  son  maître.

Son  maître  Weedon  Scott  avait  une  grande  famille  :    ses  parents,  ses  deux soeurs,  sa  femme  Alice  et  leurs  deux  enfants.  Peu à peu,  Croc Blanc  se laissa  caresser  par chacun.  Il apprit  à jouer  avec  les enfants  sans  leur faire  mal. Il  finit même par les aimer.

Le chien Dick  n’était  pas  content  de voir  un loup mais finalement,  il se calma et et décida de le laisser tranquille.   Croc Blanc  avait compris  qu’il ne  fallait  pas  attaquer  ce chien.

Par contre,  Collie,  la  chienne  de berger,  ne pouvait  pas  oublier  qu’un loup  est un ennemi,  un tueur de moutons.   Elle  l’attaquait  sans cesse.  Croc Blanc  se  défendait  avec calme et patience,  sans jamais  lui faire  de mal.

Dans  les  terres  sauvages  du  Nord,  les  chien s et  les loups  avaient  le droit  de tuer  les autres animaux  pour les manger.  Croc Blanc  ne savait pas  que  c’était différent  au Sud.

Un matin,  il trouva   un poulet  qui s’était échappé.  En  un instant,  il le  tua  et  l’avala.  Il  le trouva délicieux.    Aussi,  quand  il trouva  un  autre  poulet  dans  la cour,  il essaya de l’attraper.   Mais  un  employé   arriva  avec  un fouet  et le  frappa.  Le loup  lui sauta à la gorge,  le renversa  et lui mordit le bras.  L’homme  criait.   Heureusement,  la chienne Collie  s’élança, furieuse,  sur Croc Blanc  qui dut s’enfuir.  Il  ne  voulait  pas se battre  avec  une femelle.

«  J’espère  qu’il  laissera  les  poulets  tranquilles,  dit Scott,  je le punirai  moi-même  s’il  recommence  ! »

Deux  jours  plus tard, Croc Blanc  avait  repéré  le  poulailler.  La  nuit,  il  grimpa sur le toit  et  se glissa  au milieu  des  volailles.   Ce fut  un carnage :  il tua cinquante poules blanches.

 

Le  lendemain  matin,  l’employé  déposa  les  cinquante cadavres  de  poules  dans  la  cour.

Scott  appela  Croc Blanc  qui accourut  sans honte :  il ne savait pas  qu’il avait fait  quelque chose  de mal.  Il  pensait  même  qu’on  allait  le  féliciter  pour  cette  belle  chasse.

Mais  son maître  lui parla  avec  une voix  pleine de colère.   Il  le  frappa  en lui tenant  le nez  sur les poules mortes.   Le loup   était  très  surpris.   Il  comprit   que Scott était  très mécontent  et  ne  tua jamais plus  de poule.

Il apprit  qu’il ne fallait  pas  toucher aux chats,  ni  aux lapins,  ni aux dindons.

Les mois  passèrent.   Croc Blanc  était  bien nourri  et  n’avait  aucun  travail à faire.

Il était heureux.   Il oubliait la neige   et le froid du grand Nord.

 

 

 

 

Croc-Blanc, chapitre IX – Le voyage, 1/

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Scott  descendit  du bateau  à  San Francisco.

Croc Blanc  fut  très étonné  et effrayé.

Il comprit  que  les hommes  étaient  vraiment  très puissants.

Ils  n’habitaient pas  dans  des tentes, ni  dans  des  cabanes en bois,  mais  dans  de  hauts immeubles.

Il  y avait  des camions,  des voitures,  d’énormes chariots.  Tout ceci  faisait  beaucoup  de bruit  et de fumée.

Croc Blanc  était  terrorisé.  Il  ne lâchait  pas  son maître.  Il  se sentait  perdu  comme  un petit bébé.

Et  les hommes  étaient  si nombreux !  C’était  comme  un cauchemar.

Plus tard,  son maître  le fit  monter  dans  un  wagon puis  ressortit  et l’enferma.

Croc blanc  crut  qu’il  l’avait  de nouveau  abandonné.   Soudain,  un  bruit  nouveau  et  des  vibrations,  le  train  démarrait.  Le  chien-loup  tremblait  de peur.

Heureusement,  il trouva  au fond  du wagon  les bagages  de Scott  et reconnut son odeur.       Il  resta  couché  dessus  pendant  tout le voyage.

Quand Croc-Blanc  sortit du wagon,  nouvelle surprise  :  la  ville  avait  disparu !

Il n’avait pas compris que le train s’était déplacé.

 

Un homme et une femme les attendaient  sur  le  quai.

Croc Blanc  vit  la femme  s’approcher  de Scott  et ses bras  entourer  le cou  de son maître. Il se mit  à gronder  et  à montrer  les crocs.   Scott  s’approcha  de lui  et dit  à la dame :

« N’aie  pas peur,  maman,  il a cru  que  tu voulais  me faire  du mal.

– Alors  je  ne peux pas  t’embrasser  devant  ce chien  ?

– Si, nous devons  lui faire  comprendre  que  ce n’est pas  dangereux  pour moi. »

Scott  calma  Croc Blanc  et lui  dit  de rester  couché  à côté  de lui,  puis  il  embrassa  de nouveau  sa mère.  Croc Blanc  gronda,  prêt à bondir.

« Couché,  le chien !  répétait  Scott. »

Le chien loup  vit  que  son maître  riait  et comprit  qu’il  ne  lui arrivait  rien de mal.

Scott  et  ses  parents  montèrent   dans une voiture   tirée  par des chevaux  et  Croc Blanc  courut à côté.

 

Ils  arrivèrent  dans  une grande maison  au fond  d’un  parc.

Le paysage  était  très beau.

 

Un gros chien  de berger  se jeta  sur lui.

Comme  à son habitude,  le loup  allait  se défendre  et  tuer  le  chien,    mais  il  se rendit compte  que  c’était  une femelle.

Il savait  qu’un  mâle  n’attaque  jamais une femelle.

Mais la chienne, elle,  sentait  que ce chien  était  différent, dangereux  et sauvage.  Elle  le mordit  au cou.  Croc Blanc  essaya de s’éloigner.

Heureusement,  l’homme  arriva  et  appela :  « Ici, Collie ! ».   Scott se mit à rire.

« Laisse-la  père.  Il faut  que  mon loup  apprenne  à se débrouiller  avec elle. »

Croc Blanc réussit  à faire tomber  la chienne  en lui donnant  un coup d’épaule.

Mais  un autre  chien  l’attaqua et le renversa.  Croc Blanc  se releva, furieux.   Il aurait  tué le chien  si Scott  n’était  pas  arrivé  pour le retenir.

D’autres  personnes  étaient sorties  de la maison  et  embrassaient  Scott.

Croc Blanc  les laissa  faire  mais  personne  ne put  s’approcher de lui  car  il grondait  et faisait peur à tout le monde.

Scott dit à son père :

« Ne laissons  pas le loup  avec  les chiens  dehors.  Il  pourrait  tuer  le mâle.

– D’accord,  fais  le rentrer  dans  la maison. »

Croc Blanc entra,  examina  soigneusement  l’intérieur  de  la pièce,  et  se coucha  aux pieds  de son maître.

 

 

 

 

Croc-Blanc, chapitre VIII – Le maître d’amour, 4/

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Quelques semaines  plus tard,  Scott devait repartir travailler  dans  une grande ville du Sud : San Francisco.

Croc Blanc  avait remarqué  que quelque chose  se préparait.  Il voyait  son maître préparer  ses bagages.  Il  se traînait  toujours  derrière lui  en gémissant.

« Il comprend  que tu  vas partir,  dit Matt.

_  Je  ne  vais  quand même  pas  l’emmener  en Californie !

_ C’est  bien  ce  qu’il espère : que tu  l’emmènes avec toi.

_ Tu  sais bien  que  c’est impossible !   Il est  trop sauvage,  il tuerait  tous les chiens  de la région !  Je  ne pourrai pas  le garder.

_ Bien sûr mais…

_ Mais quoi ? cria Scott.

_ Et bien….

_  Ah !  Ne m’énerve  pas !  Je sais  très bien  ce que  je dois  faire !  »

La veille  du  départ,  Croc Blanc  ne mangea  rien  et  il hurla  comme si  son maître  était mort.

Le lendemain,  il  se  colla  aux  jambes  de son maître  en gémissant.

Au moment de partir,  Scott  s’assit  à côté de lui  et  lui dit :

« Je te comprends,  mon loup.  Mais  je ne peux  vraiment pas  t’emmener  là  où je vais.   Je suis obligé  de  te laisser  ici.   Allez, disons    nous adieu…. »

Croc Blanc  se blottissait  contre son maître.

 

Soudain,  on entendit  la sirène du bateau.

Les deux hommes  enfermèrent  le loup  dans  la cabane et  allèrent sur le quai.

Ils entendaient Croc Blanc hurler et gémir.

« Soigne le bien,  dit Scott  à  Matt.  Et  écris-moi  pour me dire  comment il va. »

Au moment  de dire  au revoir  à son ami,  il  aperçut  Croc Blanc  sur le quai  !

« Regarde !  Tu avais  bien  fermé les portes ?

_Il saigne. Il a dû  casser  la vitre de la fenêtre. »

Scott  s’approcha  du loup  et  lui posa  la main  sur la tête.

La sirène du bateau  annonça  le départ.

« Adieu  Matt.  Finalement,  tu n’auras  pas besoin  de m’écrire  pour  Croc Blanc,  il  vient  avec  moi.

_Quoi ?  Tu vas  l’emmener ?

_Oui,  c’est moi  qui  t’écrirai  pour te donner  de ses nouvelles !

_ Tu es fou !  Il  ne  supportera  pas  la chaleur  avec  sa  fourrure  !

Pense à  lui  couper ses  poils  !  »

Scott  monta  dans  le  bateau  avec  son  loup.

Puis  la  sirène  retentit  encore,  et  le  bateau s’éloigna du quai  avec ses nombreux voyageurs  et  un  loup.

 

 

 

fin du chapitre VIII  (8)

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Croc-Blanc, chapitre VIII – Le maître d’amour, 3/

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Ainsi Croc Blanc  avait  découvert  l’amour.

Son maître Scott   était  un  vrai  maître,  un maître d’amour.  Il  se sentait  près  de  lui  comme  une fleur  au soleil.  Mais  il  ne savait  pas montrer  son amour.

Il  avait  toujours  été  solitaire  et  presque  sauvage,  aussi  il  ne jappait  jamais  quand  il voyait  arriver  Scott,  il  ne  bondissait  jamais  autour de lui  comme les autres chiens.

Croc Blanc  s’habituait  peu à peu  à sa nouvelle vie.

Quand  il comprit  que son maître  voulait  qu’il obéisse  à  Matt,  il  se laissa  atteler à un traîneau  avec  d’autres  chiens.

Au bout de quelque temps,  Croc Blanc  fut placé  en tête et  devint  le  chef  des  chiens  de  traineau.  Matt reconnut  que  c’était  le meilleur  chien d’attelage  qu’il  n’avait jamais eu.

 

A la fin du printemps,    Scott   partit travailler dans une autre ville : Circle.

Ce  fut très dur pour  Croc Blanc  qui  resta  à  la  cabane.  Il  ne voulait  plus bouger.

Il restait là,  jour et nuit,  inquiet  et malheureux,  à attendre  le retour  de son maître.

Matt  ne pouvait  rien faire  pour lui  expliquer  ou  pour le consoler.

Il finit par écrire une lettre à Scott :


Le loup   ne   veut  plus  travailler.   Il  ne  veut  plus  se nourrir  non plus.   Rien  ne  l’intéresse.  Les autres  chiens  le  battent  et  il  ne  se  défend  même  pas.   Je crois  qu’il  veut  se laisser mourir  car  tu  es  parti.


Finalement,  Scott  décida  de rentrer  à Dawson.  Il arriva  la nuit.  Croc  Blanc  était allongé près  du poêle.  Il  ne bondit pas  vers  son maître  mais  il remuait  la queue.  C’était  sa façon  de montrer  qu’il était  heureux  de le revoir.

Scott  le caressa  longuement  et  pour la première fois,  le chien  loup  se frotta  contre lui.  Scott  avait  les larmes  aux  yeux.

 

Quelques  jours  plus tard,  Beauty Smith   essaya  de venir  voler  Croc Blanc.   Mais celui-ci rentra dans une rage folle.   Si son maître  n’était  pas arrivé,   il aurait tué   le  méchant  petit homme.


 

>>>  chapitre  VIII ,  4/  >>>>>>>

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Croc-Blanc, chapitre VIII – Le maître d’amour, 2/

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Les deux hommes  laissèrent  Croc Blanc  libre  pendant  toute la journée.

Le lendemain,  quand Scott  vint le voir,   le chien loup  pensa   qu’il allait  être battu  pour lui  avoir mordu  la main.  Il  se mit  à gronder.  Mais  il vit  que Scott  n’avait  ni arme,  ni bâton,  ni corde.  Et Scott  s’assit  à quelques  mètres de lui !

L’homme  se mit  à parler.  Il avait  une voix douce  qui attirait  Croc Blanc.

L’homme  parla  longtemps  pendant  que  le loup  écoutait.  Puis  il alla  chercher  un morceau  de viande rouge  et  la  donna  à  Croc Blanc.

Croc Blanc  se méfiait,  il  avait toujours  peur  de recevoir  des coups.   Mais  il  s’approcha doucement  de la viande  et  la mangea.

 

Puis  Scott  se remit  à parler  d’une voix douce  et  il approcha  sa main  pour essayer  de le caresser.  Croc Blanc  gronda  un peu.  La main  lui faisait peur,  mais la voix  le rassurait.

Il ne  savait pas  s’il devait  fuir,  attaquer,  ou accepter la caresse.  Ses poils  se hérissèrent. Quand  la main  le toucha,  il s’aplatit  sur le sol  en tremblant.  Il comprenait  qu’on  ne le frappait pas  et  se laissa  caresser en  grondant.

A ce moment, Matt arriva :

« Ça alors ! s’écria-t-il. »

En entendant  sa voix,  le jeune  loup  fit  un bond  en arrière  et  gronda  en montrant les crocs.

Scott  se rapprocha  de lui  et se remit  à le caresser.  Croc Blanc  ne bougea pas,  mais  il se tenait  prêt à fuir.

Il acceptait  Scott  pour  nouveau maître.  Une  nouvelle vie  commençait   pour  Croc Blanc.

Il  avait connu  la vie sauvage  quand  il était petit,  l’esclavage  avec Castor-Gris,  et  Beauty  Smith  ne lui avait apprit que  la haine  et la rage.

Maintenant Scott,  avec sa douceur  et sa patience,  allait  lui apprendre  l’amour.

Il avait  souvent  obéi aux hommes,  mais  il  ne  les avait  encore  jamais  aimés.  Il  se mit à aimer  petit à petit  son nouveau maître.

Il était  toujours libre,  il aurait  pu partir  et retrouver  une vie sauvage,  mais  il préférait  rester  avec Scott.   En échange  de  sa protection,  il gardait  sa cabane.  Il apprit  à reconnaître  les amis  de Scott  et les voleurs.

Croc Blanc  aimait  de plus en plus  les caresses  de son maître.  Quand  sa main  le touchait,  il grondait  toujours  parce que  c’était  la seule chose  qu’il  savait faire  avec sa gorge.

Scott  savait  que ces grondements  n’étaient  pas méchants.

Le loup  était  de plus  en plus joyeux  quand  son maître  était  près de lui.

Quand  l’homme  s’éloignait,  il était  malheureux  et  inquiet.

Il  pouvait  attendre pendant des heures  sur le seuil  de la cabane.

 

 

 

>>>>> chapitre  VIII,  3/  >>>>>>>>>>>

 


 

 

 

Croc-Blanc, chapitre VIII – Le maître d’amour, 1/

Assis  à l’entrée  de  leur cabane,   Matt  et Scott  regardaient  Croc Blanc.

Weedon  Scott  était  ingénieur  à  la  mine,  Matt  était  son  maître  d’attelage.  C’est  lui  qui  conduisait  le  traineau  et  s’occupait  des  chiens.

 

Depuis  deux  semaines,   Crox-Blanc  était  attaché  près  de   la  maison.   Ses  blessures  avaient  guéri  mais  le  loup  se  montrait  très  sauvage.

Le loup  tirait  de toutes ses forces  sur sa chaîne,  le poil  hérissé,  grondant  et aboyant  vers  les chiens  de Matt.   Ses  chiens  avaient  essayé  d’attaquer  le jeune loup,   mais  ils avaient   reçu  des coups de bâton  et  ils  avaient compris  qu’il ne fallait   pas  s’approcher.

« C’est un loup,  dit Scott,  nous  ne pourrons  jamais  l’apprivoiser.

– Ce n’est pas sûr,  j’ai  l’impression  qu’il  a  déjà  été apprivoisé,   et   qu’il  y a  du  chien  en lui,  répondit  Matt.

–  C’est impossible,  il est  complètement  sauvage !

– Mais non, regardez  :  il y a  des  traces  de lanières  sur sa poitrine,  dit Matt.   Cela veut dire  qu’il a déjà tiré  un traîneau !

– Ah !  Tu as raison Matt,  il  a du  être  attelé   avant  d’arriver   chez   Beauty Smith.

– Alors il  devrait  pouvoir  recommencer  à  tirer  un  traineau.

– Oh non,  c’est impossible !   Cela fait  deux semaines   que  je l’ai acheté   et  il est  de plus  en plus  sauvage !

– Laisse – moi essayer ! »

Matt  prit un bâton  et  s’approcha  de Croc Blanc.  Le chien loup  le  regarda.   Il surveillait surtout  le bâton.  L’homme  le détacha  et recula.  Croc Blanc  fut très surpris  d’être  libre. Il fit  quelques pas  en direction  de Matt  et fut aussi  surpris  de  ne pas  recevoir  des coups de bâton.

« Pauvre bête,  je vais  lui chercher  de la viande,  dit  Scott. »

Il   lui lança  un beau morceau  de viande rouge,  mais   un chien  se jeta  dessus.

« Major,  viens  ici !   hurla Matt »

C’était trop tard.  Croc Blanc  avait  attaqué  le chien  et  lui avait  déchiré  la gorge.

Matt s’approcha   du loup  avec son bâton  mais  il fut mordu  aussi à la jambe.

Scott dit alors :

« Tu vois,  il n’y a  rien à faire  avec ce loup.  C’est un vrai diable,  et  tu voudrais  qu’il devienne doux  comme un agneau…  Tuons le !

-Attends,  il  a  tué   ce chien  qui voulait  lui prendre  son  repas !   Laissons-lui  encore  une  chance !

Scott  répondit  qu’il  voulait  bien  essayer  encore,  il   s’approcha  de Croc Blanc  en  lui  parlant  doucement.

Croc  Blanc  se  méfiait.  Il  venait  de  tuer  un  chien  et  il  s’attendait  à  être  de  nouveau  battu.   Scott  s’approcha  encore  de  lui   et   il  essaya  de  le caresser.   Le  chien loup  gronda,  la  main  s’approcha  encore,  alors  il   mordit   la main.

Scott  hurla  de douleur.

Matt  alla  chercher  une  carabine   :

« Tu avais raison. Il faut le tuer.

– Non ! Non !    Tu  as  dit  qu’il  fallait  lui  laisser  une  chance.     Tu  as  vu   comme  il  te regarde ?    Il   reconnaît une arme.  Laissons lui  encore  du temps.

– D’accord,  cet animal  a l’air  très intelligent,  nous n’avons pas le droit de le tuer.

 

>>> chapitre VIII, 2/ >>>

 

Croc Blanc, chapitre VII – 3/

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Soudain, Beauty Smith  s’avança  vers  les chiens  et montra  Croc Blanc  en  se  moquant  de lui.   Ceci  redonna  de la rage  et  de la force  au loup.  Il réussit  à se relever.  Il  se remit  à courir  mais  retomba  car  il était  épuisé.

Tout le monde criait : « Cherokee ! Cherokee ! »

Le bulldog  allait tuer  le loup  quand  on entendit   un traîneau  arriver.

Ce traîneau  était  conduit  par  un homme  moustachu  et un autre homme,  plus jeune  et  plus grand.  Ils vinrent  regarder  le combat.

Croc Blanc  allait  mourir.  Beauty Smith,  furieux,  lui donnait  des coups de pied  pour le réveiller  :  si son chien-loup  mourait,  il n’aurait  plus  d’argent.

Le jeune homme  qui venait d’arriver  se jeta sur lui  et lui envoya  un  terrible  coup de poing.  Il  se mit  à crier :

« Sale brute !  Vous êtes  tous des brutes ! »   Il était  très  en colère.  Il  appela  son ami :

« Matt !  Viens  m’aider ! »

Matt  attrapa  Croc Blanc  et  le jeune homme  essaya  de tirer  le bulldog  en arrière.  Mais celui-ci  mordait  toujours  le loup  et  refusait de le lâcher.  Les spectateurs  étaient  mécontents.

L’homme criait toujours :  « Vous êtes des brutes !

-Arrête  Scott,  dit Matt,  on  n’ y  arrivera  pas  comme  ça.

-Mais il  va mourir !  Ce bulldog  va  le tuer  ! »

Scott  se mit  à cogner  de toutes ses forces  sur la tête  de  Cherokee  qui ne lâchait  toujours pas  Croc Blanc.  Alors Scott  sortit  son revolver.  Il le glissa  dans la gueule  du bulldog et  donna des coups  sur ses dents.

« Eh !  Faut pas  lui casser  les dents !  Cria  Keenan.

-Tu préfères  que je  lui casse  le cou ?

-J’ai dit  de pas  lui casser  les dents !

-Il est  à toi ?

-Oui,  c’est  mon chien !

-Pourquoi  tu ne l’obliges pas  à lâcher  ce pauvre  loup ?

-J’ai  pas envie ! »

Scott  lui tourna  le dos  et continua  d’écarter  les dents  du bulldog  avec  son revolver.  Il réussit  enfin  à dégager  Croc Blanc.

« Maintenant,  tu peux  t’occuper  de ton chien ! »

Keenan  emmena  Cherokee pour le soigner.  Celui-ci  se débattait  furieusement.

Croc Blanc  n’arrivait pas  à se relever.  Sa langue  pendait  hors de sa bouche.  Beauty  s’approcha.  Scott  lui dit :

« Je t’achète  ce chien  à demi mort  pour  150  dollars.

-Je ne  le vends pas,  répondit  Beauty.

-Alors,  tu prends  cet argent maintenant,  ou  tu préfères  que je  t’assomme ?

-Je prends  l’argent,  mais c’est du vol !  Je préviendrai  la police !

-Ha ha !  Si  je te vois  encore à  Dawson,  je te fais  chasser  de la ville, compris ? »

Beauty Smith  s’éloigna,  mécontent,  et demanda  à  un groupe d’hommes :

«  Quelqu’un le connaît  cet emmerdeur ?

– C’est Weedon Scott,  un ingénieur.  Il travaille  à la mine.  Attention,  il est copain  avec le commissaire  de Dawson,  il pourrait  te faire  mettre en prison  si tu cherches  à l’ennuyer !

– Il a de la chance.  Sinon  je lui  aurai mis  une de ces  raclées ! »

 

 


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Croc Blanc, chapitre VII – les combats, 2/

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A l’automne,   Beauty Smith    emmena    Croc-Blanc  à  Dawson.   Ils  firent  le  voyage  en bateau.   Croc-Blanc  restait  dans une cage.   Il  était devenu  célèbre  dans toute la région.

On  le surnommait   « le Loup combattant « .   Beaucoup  de gens  venaient  le  regarder.

 

Croc-Blanc  était  de plus en plus  féroce.  Les hommes  s’amusaient  à l’énerver  en lui donnant  des coups de bâton  à travers  les barreaux  . Sa vie  était devenue  un enfer.  Il était devenu  aussi fou  et aussi mauvais  que son maître.   C’était la seule façon  pour lui  de survivre.

A  Dawson,  une petite ville  au bord du Yukon,   Beauty  trouva  un nouveau  moyen  de  gagner  beaucoup  d’argent.   Il faisait  payer   cinquante  cents  aux gens  qui voulaient admirer  son  loup  combattant.  Croc Blanc  ne pouvait jamais  se reposer.   Les hommes admiraient  sa force  et sa rage   et   ils avaient  peur de lui.

Croc Blanc  aimait  cette peur  des hommes et  devenait  de plus en plus  effrayant.

Les combats de chiens  étaient interdits  par la police,   alors  on l’emmenait dans un bois  la nuit.  Il continuait  de tuer  tous ses adversaires.    Il était  tellement rusé  et tellement rapide  que  les combats  étaient  de plus en plus  courts.

Quand  Croc Blanc  eut  tué  tous   les meilleurs chiens  de la région,   Beauty  eut  l’idée de capturer  des loups  sauvages.   Les combats  furent plus longs  mais Croc Blanc  gagnait toujours.

Comme les spectateurs  devenaient  moins  nombreux,  Beauty  fit  venir  un lynx.  Le combat  fut terrible  mais  le lynx  aussi mourut.  Il n’y eut plus de combat  car on ne trouvait plus d’adversaires pour Croc Blanc.

 

Au printemps,  un homme  nommé  Tim Keenan  arriva  avec un bulldog.  C’était un chien très féroce et très puissant  qui  s’appelait  Cherokee.  On organisa  donc  un combat.

Cette fois,  Croc Blanc  ne se  jeta  pas  sur  son adversaire :  il  l’observait.  Il n’avait  jamais vu  de bête  semblable.   Keenan  poussait  son bulldog  en murmurant : « Allez, attaque… »

Le bulldog  fit quelques pas et regarda Croc Blanc.   Les spectateurs  impatients  criaient :

« Attaque,  Cherokee !  Tue-le !  Bouffe-le ! »

Mais Cherokee  n’était pas pressé,  il avait l’habitude  des combats  de chiens.  Il était sûr  qu’il  allait gagner.  Mais  il  n’avait  jamais combattu  avec un loup.

Les poils  des deux adversaires  se hérissaient  lentement.   Quand  Cherokee  se décida  enfin à attaquer,  Croc Blanc bondit,  il le mordit  et recula  rapidement.

Les hommes applaudirent.  Les paris  étaient  très nombreux.  Le bulldog  était blessé au cou  mais il avança  à nouveau  vers le loup.   Celui-ci  continuait  à l’attaquer  et à reculer  et le chien  continuait à avancer.    Il restait tranquille,  comme  s’il  n’était pas  blessé,  sans se défendre,   et  Croc Blanc  était  de plus en plus étonné.

Cherokee  n’avait pas  l’habitude  d’avoir  un adversaire  aussi rapide.  Il saignait de partout, ses oreilles et sa queue étaient déchirées,  mais   il ne tombait pas.

Croc Blanc  ne parvenait pas le mordre à la gorge.  Il  s’arrêta  de sauter  et  mordre,  épuisé. Alors le bulldog  se jeta sur lui  et  essaya  aussi  de le mordre  à la gorge  pour le tuer.

Le combat  semblait terminé,  les spectateurs  qui avaient  parié  pour  Cherokee  semblaient  très contents.

 

 

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