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Ainsi Croc Blanc avait découvert l’amour.
Son maître Scott était un vrai maître, un maître d’amour. Il se sentait près de lui comme une fleur au soleil. Mais il ne savait pas montrer son amour.
Il avait toujours été solitaire et presque sauvage, aussi il ne jappait jamais quand il voyait arriver Scott, il ne bondissait jamais autour de lui comme les autres chiens.
Croc Blanc s’habituait peu à peu à sa nouvelle vie.
Quand il comprit que son maître voulait qu’il obéisse à Matt, il se laissa atteler à un traîneau avec d’autres chiens.
Au bout de quelque temps, Croc Blanc fut placé en tête et devint le chef des chiens de traineau. Matt reconnut que c’était le meilleur chien d’attelage qu’il n’avait jamais eu.
A la fin du printemps, Scott partit travailler dans une autre ville : Circle.
Ce fut très dur pour Croc Blanc qui resta à la cabane. Il ne voulait plus bouger.
Il restait là, jour et nuit, inquiet et malheureux, à attendre le retour de son maître.
Matt ne pouvait rien faire pour lui expliquer ou pour le consoler.
Il finit par écrire une lettre à Scott :
Le loup ne veut plus travailler. Il ne veut plus se nourrir non plus. Rien ne l’intéresse. Les autres chiens le battent et il ne se défend même pas. Je crois qu’il veut se laisser mourir car tu es parti.
Finalement, Scott décida de rentrer à Dawson. Il arriva la nuit. Croc Blanc était allongé près du poêle. Il ne bondit pas vers son maître mais il remuait la queue. C’était sa façon de montrer qu’il était heureux de le revoir.
Scott le caressa longuement et pour la première fois, le chien loup se frotta contre lui. Scott avait les larmes aux yeux.
Quelques jours plus tard, Beauty Smith essaya de venir voler Croc Blanc. Mais celui-ci rentra dans une rage folle. Si son maître n’était pas arrivé, il aurait tué le méchant petit homme.
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Ces combats faciles contre les chiens devinrent le seul jeu de Croc Blanc.
Castor-Gris, occupé à vendre ses fourrures, ne s’occupait pas de lui.
La bande des chiens de traineau indiens suivait toujours Croc Blanc.
Dès qu’un chien étranger voyait Croc Blanc, il sentait que c’était un loup, différent, sauvage et dangereux. Par instinct, le chien échappait à son maître et se jetait sur Croc Blanc. Mais le loup, plus fort, le blessait à mort.
Les autres chiens de traîneau dévoraient le malheureux chien étranger dès que Croc Blanc s’était éloigné.
Croc Blanc avait pris l’habitude de tuer les chiens car ceux-ci l’attaquaient toujours. Il était devenu féroce et brutal à cause de tout ce qu’il avait vécu auparavant.
Si Liplip ne l’avait pas poursuivi quand il était petit, il aurait pu grandir avec les autres chiots et aurait pu les aimer. Si Castor-Gris avait été moins brutal et plus gentil, Croc Blanc aurait pu apprendre l’amour.
Les hommes blancs de Fort Yukon étaient divisés en deux clans.
Ceux qui habitaient là depuis longtemps n’aimaient pas les hommes qui arrivaient en bateau par le fleuve. Ils les méprisaient.
Ces deux groupes se disputaient souvent, par exemple pour une histoire de pain : les anciens habitants ne mettaient pas de levain dans la pâte à pain, leur pain était plat. Alors que les nouveaux mettaient du levain pour faire gonfler leur pain.
De plus, les gens se moquaient des nouveaux arrivants qui avaient beaucoup de difficultés pour s’habituer à la dure vie de Fort Yukon.
Ils trouvaient très amusant que Croc Blanc tue leurs chiens. Chaque fois qu’un bateau arrivait, ils laissaient leur travail et allaient regarder les attaques du loup et de sa bande de chiens indiens.
Les victoires du jeune loup les faisaient beaucoup rire.
Vous trouverez ici une adaptation du roman « Croc-Blanc » de Jack London, en français facile à lire et à comprendre.
CROC-BLANC, publié en 1906, traduit en français en 1923, est l’histoire d’un chien-loup dans le Grand Nord de l’Amérique.
Cet animal naît dans la nature sauvage puis découvre les Hommes. Il est capturé, apprivoisé, dressé pour faire des combats de chiens. Il se retrouve avec un maître cruel puis est adopté par une famille.
Ce livre a été adapté plusieurs fois au cinéma.
Un film franco-italien réalisé par Lucio Fulci, sorti en 1973.
Un film américain a été réalisé en 1991 par Randal Kleiser.
Les chapitres seront postés ici petit à petit, vous pourrez suivre cette aventure passionnante au rythme des publications.
Merci
Un soir, le vieux loup partit à la chasse mais ne revint pas à la grotte. La louve le chercha. Vers le fleuve, elle trouva des traces du loup et du lynx. Elle comprit qu’ils s’étaient battus, que le loup avait perdu et qu’il ne reviendrait plus jamais. Un loup seul ne peut pas battre un lynx.
Maintenant, quand la louve partait chasser, le louveteau restait seul. Il savait qu’il ne devait pas sortir de la grotte. Il sentait que c’était dangereux.
Un jour, le petit loup eu très peur. Il fut réveillé par un bruit bizarre et sentit une odeur qu’il ne connaissait pas. Son poil se hérissa et il tremblait. C’était un gros rat qui s’était arrêté à l’entrée de la caverne.
Quand sa mère arriva, elle chassa le rat et lécha longuement son petit pour le consoler.
Le louveteau grandissait, devenait beau et fort. Son poil était épais et brillant. Ses muscles neufs lui donnaient envie de courir.
Un matin, il désobéit à sa mère : il se mit en marche vers la sortie. Il fut ébloui par la lumière. Puis il vit toutes les couleurs de la nature, les arbres, la rivière en bas, la montagne et le ciel. Il s’assit et regarda. Comme il avait un peu peur, il se mit à gronder.
Devant lui, il y avait une pente raide. Mais comme il avait toujours vécu sur un sol plat, il ne savait pas qu’il risquait de tomber. Il avança dans la pente, et soudain, il bascula la tête en bas. Son museau cogna brutalement le sol et il roula de plus en plus vite vers le bas de la pente. Il se mit à crier comme un petit chien.
Mais la pente devenait moins raide, le louveteau s’arrêta de rouler sur l’herbe. Il poussa un gémissement de peur puis, pour la première fois, un long cri d’appel. Il se lécha pour se débarrasser de la terre qui le salissait. Il n’avait pas mal et recommença à regarder autour de lui.
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Le petit louveteau gris ressemblait à son père le loup, alors que ses frères et sœurs étaient un peu bruns comme leur mère.
Durant les premières semaines de sa vie, le louveteau n’ouvrit pas les yeux. C’est seulement par l’odorat, l’ouïe et le toucher qu’il commença à connaître le monde qui l’entourait.
Il jouait avec ses frères et sœurs dans l’obscurité de la grotte. Il s’entraînait à grogner comme un loup. Il apprit à reconnaître sa mère, surtout pas son odeur, sa douceur, et le goût de son lait.
Il aimait sentir sa langue fraîche aller et venir doucement sur son petit corps. Cela l’endormait.
Peu à peu, ses yeux s’ouvrirent. Il aperçut l’entrée de la caverne et se sentit attiré par la lumière. Un peu plus tard, il essaya de ramper vers la sortie, suivi de ses frères et sœurs. La louve les retenait en arrière à coups de langue et de dents.
Le petit louveteau compris qu’à chaque fois qu’il tentait de s’éloigner, il recevait des coups de museau sur son petit corps, qui le faisaient rouler à l’intérieur de la grotte.
C’était un fier petit louveteau, carnivore comme tous les loups. A l’âge d’un mois, il commença à manger de la viande que sa maman mâchait puis déposait dans sa bouche.
Il était le plus fort et le plus courageux des petits. C’est lui qui apprit le premier à se servir de sa gorge pour grogner comme son père, à donner des coups de pattes pour se bagarrer avec ses frères. Il leur mordait l’oreille, les faisait rouler par terre et les piétinait en grondant.