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Au bord du fleuve
1/
La louve avait prévenu ses compagnons de l’arrivée des hommes.
Elle avait entendu la première le son des voix humaines et les aboiements des chiens. La meute de loups s’était enfuie.
Le chef, un grand loup gris, courait en tête. Il grondait et montrait les crocs chaque fois qu’un jeune loup essayait de le dépasser. Seule la louve pouvait courir à ses côtés, mais chaque fois que le grand loup s’approchait trop d’elle, elle le mordait à l’épaule.
A la gauche de la louve, il y avait un vieux loup couvert de cicatrices qui n’avait plus qu’un œil. Un autre jeune loup de trois ans, fort et souple, essayait de s’approcher de la louve malgré les coups de crocs et les grondements du chef et du vieux loup.
Ce jour là, ils parcoururent un grand nombre de kilomètres. A l’arrière, les plus faibles suivaient péniblement. Les plus forts marchaient devant. On aurait dit une armée de squelettes qui avançait comme des mécaniques.
Ils continuèrent leur course toute la nuit et le jour suivant. Ils avaient faim. A travers ce désert blanc et froid, ils avançaient, cherchant d’autres proies.
Enfin, dans une plaine au bord de la rivière glacée, ils rencontrèrent un troupeau d’élans.
Ils se battirent avec un gros mâle. Le grand élan, surpris, fut attaqué de tous côtés. Il se roula dans la neige, distribua des coups de corne et de sabots. Mais il s’effondra, un loup déchirant sa gorge. Le sang coula et il fut dévoré.
C’était une chance pour les loups affamés car cet élan était énorme et il y eut assez de nourriture pour les quarante estomacs. Ils purent enfin se reposer.
Les jeunes mâles recommencèrent à jouer et à se battre.
Au bout de quelques jours, la meute se sépara en deux groupes qui partirent chacun dans une direction.
2/
Le troupeau conduit par le grand chef, la louve et le vieux loup borgne – Un Œil – se dirigea vers l’Est, vers le fleuve Mackenzie et la région des lacs.
Chaque jour, mâles et femelles disparaissaient deux par deux.
La louve et Un Œil coururent deux jours entiers autour d’un camp indien. La louve était attirée par les hommes. Mais un coup de fusil claqua et ils s’enfuirent sur les berges du Mackenzie.
La louve grossissait. Elle courait moins vite et moins longtemps et elle cherchait de plus en plus à s’isoler. Elle cherchait une cachette. A quelques centaines de mètres de la rivière, elle découvrit enfin un endroit en haut de la falaise dans un creux bien sec.
Elle entra dans cette petite grotte, renifla dans tous les coins puis se laissa tomber. Un Œil la regardait mais restait à l’entrée. Quand il eut faim, il fit signe à la louve de venir chasser avec lui.
C’était le printemps, la neige commençait à fondre et il savait qu’il trouverait facilement une proie. Mais la louve ne voulut pas se lever alors il s’allongea et s’endormit.
La faim le réveilla. Un Œil rampa vers la louve et essaya de la décider à sortir. Elle montra les crocs.
Alors il partit seul pour chasser. Il couru toute la journée dans la neige molle et sur la glace. Il vit des lièvres mais ne put pas les attraper.
Quand il revint à l’entrée de la caverne, il entendit des sons faibles. Il essaya de s’approcher de la louve qui grondait et il entendit des petits cris. Il se roula en boule pour dormir et le lendemain, il aperçut cinq petits louveteaux vivants entres les pattes de la louve.
Il renifla vers sa nouvelle famille. La mère, inquiète, le surveillait et grognait : elle savait que certains pères loups se jettent sur leurs petits pour les dévorer. Elle interdisait à Un Œil d’approcher. Alors Un Œil repartit pour chercher de la nourriture.
pour tout savoir sur le loup en France :
3/
Après avoir parcouru plusieurs kilomètres, le loup trouva enfin des traces d’oiseau. Mais ces traces étaient larges et il comprit que c’était un gros oiseau et que la bagarre serait difficile.
En avançant doucement dans les hautes herbes au bord du fleuve, il se trouva soudain nez à nez avec un héron.
L’oiseau essaya de s’envoler mais le loup le renversa par terre d’un coup de patte, se jeta sur lui et le saisit entre ses dents.
Le héron se débattit un court moment et le loup commença à le manger. Puis il se souvint tout à coup de sa famille et reprit le chemin de la grotte en traînant sa proie.
Il trottait joyeusement quand il aperçut un beau lynx au milieu du chemin.
Le loup Un Oeil s’aplatit sur le sol et avança en rampant. Il déposa l’oiseau et regarda.
Le lynx voulait attaquer un porc-épic. L’animal était enroulé dans son épaisse armure d’épines.
Le lynx attendit, complètement immobile, pendant plus d’une heure.
Soudain, le porc-épic pensa que son ennemi était parti et il commença à se dérouler. Alors le lynx frappa, rapide comme la foudre. Ses griffes déchirèrent le ventre du porc-épic mais celui-ci réussit à lui planter des épines dans sa patte.
Le lynx recula en hurlant de douleur mais attaqua de nouveau. Des épines se plantèrent dans son nez. Alors il s’enfuit en traînant son museau ensanglanté dans la neige.
Un Œil se décida à avancer vers le porc-épic qui s’était enroulé. Le pauvre animal était blessé et le loup savait qu’il était dangereux ; alors il le laissa tranquille.
Il repartit avec l’oiseau et arriva à la grotte. Il donna sa proie à la louve qui comprit qu’Un Œil était un bon père et le laissa entrer.
fin du chapitre 2