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Deux ans plus tard, il y eut une terrible famine dans la région du Mackenzie.
Le poisson manqua tout l’été. Puis, en hiver, on ne vit aucun caribou. Les élans étaient rares et les lièvres avaient disparu.
Les hommes avaient très faim. Les plus faibles, les malades, moururent. Les femmes et les enfants ne mangeaient rien. Seuls les chasseurs mangeaient un tout petit peu pour avoir la force d’aller chasser.
Les hommes se mirent à manger le cuir de leurs moufles et de leurs mocassins.
Les chiens rongeaient les fouets, les cordes, les lanières. Puis les chiens commencèrent à se dévorer entre eux et les hommes mangèrent les chiens.
Croc Blanc et d’autres chiens jeunes et courageux s’enfuirent. Mais dans la forêt, ils moururent presque tous de faim ou dévorés par les loups.
Croc Blanc survécut car il était né dans la nature et avait appris à se débrouiller sans les hommes dans son enfance. Il se nourrit pendant quelques semaines en attrapant du petit gibier. Il se tenait caché, immobile pendant des heures, surveillant un écureuil et attendant qu’il descende de l’arbre. Alors il bondissait sur le petit animal et le mangeait. Mais les écureuils disparurent aussi. Alors il s’attaqua à des mulots dans leurs terriers et même aux féroces belettes.
Un jour, il rencontra un jeune loup maigre et presque mort de faim. Croc Blanc aurait pu être son ami et retrouver une meute sauvage. Mais il était si affamé qu’il se jeta sur le louveteau, le tua et le mangea.
Croc Blanc avait de la chance. Il trouvait des animaux plus faibles que lui et qu’il pouvait manger. Il dévora même un lynx et le lendemain, une troupe de loups essaya de l’attraper. Mais comme il venait de manger, il fut plus rapide que ses adversaires et put se sauver.
Croc Blanc retrouva la grotte où il était né. Il y dormit quelques nuits.
Plus tard, il retrouva un campement d’Indiens au bord du Mackenzie. Il l’observa pendant quelques heures. Il entendit des cris de femmes et des rires d’enfants. Il comprit que leurs estomacs étaient pleins. Une odeur de poisson grillé flottait dans l’air. La nourriture ne manquait plus et la famine s’en était allée.
Alors il sortit de la forêt et, trottant à travers le village, vint droit à la tente de Castor Gris. Celui-ci n’était pas là mais sa femme Klou Klouch reçut Croc Blanc avec des cris de joie. Elle lui donna du poisson et il se coucha en attendant le retour de Castor Gris.