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Un homme s’intéressait beaucoup aux attaques de Croc Blanc contre les chiens.
Dès qu’il entendait la sirène du bateau, il arrivait en courant et il repartait toujours le dernier, triste que le combat soit déjà fini. Quand un pauvre chien du Sud avait été battu par Croc Blanc puis mis en pièces par les autres chiens, il sautait de joie. Il regardait toujours Croc Blanc avec un regard d’envie.
Les habitants du fort l’avait surnommé Beauty (beauté en anglais) car il était très laid.
Il était tout petit, très maigre et avait une tête minuscule, un peu pointue.
L’arrière de son crâne était tout plat. Sous son front bas et large, il avait de gros yeux ronds, écartés.
Son menton était énorme et lourd. On aurait dit qu’il n’avait pas de cou.
Ses mâchoires de cheval portaient des dents longues et jaunes, et ses canines, encore plus longues, sortaient entre ses lèvres comme des crocs.
Ses cheveux, couleur de boue comme ses yeux, ressemblaient à de mauvaises herbes sur sa tête.
Beauty était un monstre. Bien sûr, cela n’était pas de sa faute s’il était né ainsi. Il travaillait au fort, faisait la cuisine, la vaisselle et tous les gros travaux. Les autres hommes ne l’aimaient pas, mais ils le laissaient tranquille.
On avait peur de lui, car il avait des colères terribles. Il pouvait alors tirer dans le dos de quelqu’un ou empoisonner son café.
Cet homme rêvait de devenir le maître de Croc Blanc. Il essaya de s’approcher de lui, mais le jeune loup lui montrait les crocs, le poil hérissé et lui tournait le dos. Il avait peur de cet homme et il ne l’aimait pas.
Croc Blanc sentait bien que Beauty était mauvais, dans sa tête comme dans son corps. Il décida qu’il serait un ennemi.
Beauty décida d’aller au campement indien pour acheter le jeune loup à Castor-Gris.
Croc-Blanc, en le voyant arriver, s’éloigna rapidement et regarda de loin. Il ne comprenait pas ce qu’ils disaient mais il vit l’homme le montrer du doigt. Il se mit à gronder, et l’homme éclata de rire. Il alla se cacher dans la forêt.
Castor-Gris refusait de vendre Croc Blanc. C’était son chien de traîneau le plus fort et le meilleur combattant des régions du Mackenzie et du Yukon. Aucun chien ne pouvait le battre. Il pouvait tuer un adversaire aussi facilement qu’un homme écrase une mouche.
Mais Beauty savait comment discuter avec les Indiens. Il revint souvent voir Castor-Gris, en amenant une ou deux bouteilles de whisky. Castor-Gris prit l’habitude de boire de l’alcool et il en eut de plus en plus besoin.
Son estomac réclamait de plus en plus d’alcool. Son cerveau eut aussi de plus en plus envie de whisky.
Il utilisa alors l’argent qu’il avait gagné en vendant ses fourrures et les mocassins pour acheter de l’alcool. Castor-Gris avait toujours plus soif et il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. A la fin, il ne lui resta plus rien, ni argent, ni marchandises. Il ne lui restait plus que la soif d’alcool.
Alors Beauty revint lui parler de Croc Blanc. Cette fois , il lui offrait des bouteilles en échange du loup. Finalement, Castor-Gris fut d’accord.
Beauty devenait le propriétaire de Croc-Blanc.