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Des enfants arrivèrent et donnèrent des morceaux de bois à Castor-Gris. Il en fit un petit tas et se mit à souffler . Croc Blanc vit alors de la fumée s’élever dans les airs : l’Indien faisait du feu.
Croc Blanc n’avait jamais vu de feu auparavant. Il se mit à avancer vers cette lumière étrange, il ne savait pas que c’était une flamme. Il voulut la toucher avec la langue.
Au même moment, il entendit Castor Gris rire et il sentit une douleur très forte dans la bouche. Il fit un bond en arrière en hurlant.
Kiche, en entendant les cris de son petit blessé, tira de toutes se forces sur sa corde. Elle était furieuse de ne pouvoir aller au secours de son fils. Surtout qu’elle entendait les Indiens rire autour de lui.
Croc Blanc était malheureux parmi tous ces êtres humains qui se moquaient de lui. Il avait très mal. Il se mit à courir vers sa mère et comprit qu’elle était la seule à ne jamais se moquer de lui.
La nuit tombait. Le louveteau restait couché près de sa mère. Il avait encore mal à sa langue et à son museau. Il était triste. Il regrettait la grotte où il était né, la vie sauvage, la tranquillité.
Ici, il y avait trop d’hommes, femmes et enfants, qui faisaient beaucoup de bruit. Il y avait des chiens toujours aboyant et mordant. Il était inquiet et très fatigué.
Il observait les hommes sans comprendre pourquoi ils étaient si forts. Il apprit à connaître leurs habitudes.
Plus il les connaissait, plus il détestait leur pouvoir mystérieux. Il comprenait qu’il devait leur obéir tout le temps, qu’il était inutile d’essayer de lutter contre eux.
Il se mit à suivre leurs pas. Il accourait dès qu’on le sifflait. Il se traînait à leurs pieds quand ils le grondaient. Il s’éloignait si les hommes lui commandaient de s’en aller. Il savait que s’il n’obéissait pas, il recevrait des coups ou des pierres.
Il devenait comme un chien. Il les aimait et les détestait à la fois. La vie était quand même plus facile : il n’avait plus à chasser pendant des heures pour trouver à manger.
Pourtant, il n’oubliait pas la vie sauvage du Grand Nord. Parfois, il regardait vers la forêt, écoutant les voix de la nature.
Mais sa mère était attachée dans le camp et il ne voulait pas partir sans elle. Il se sentait malheureux pour elle.
Croc Blanc apprit tout sur la vie du camp. Il savait qu’il y avait de gros chiens peureux qui mangeaient toute la journée. Il connaissait la brutalité des hommes et apprit à éviter les enfants.
Il connut les coups de dents des mères chiennes qui défendaient leur petits et les laissa tranquilles.
Mais son véritable ennemi, c’était Liplip. Plus grand et plus fort que lui, le chien lui sautait toujours dessus dès qu’il le voyait. Liplip l’attaquait toujours quand il n’y avait pas d’homme à côté qui aurait pu défendre Croc Blanc.
Croc Blanc devint vite adulte. Son caractère changea. Il devint plus rusé.
Comme Liplip l’empêchait de manger tranquillement au moment de la distribution des repas, il devint un voleur. Il attrapait un morceau de viande ou de poisson dès que les femmes avaient le dos tourné.
Grâce à son odorat, il savait quand elles préparaient de la nourriture. Il arrivait, silencieux, et volait un morceau.